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D’après l’Institut National de l'Audiovisuel français (Ina), la Guyane et les Antilles n'ont eu le droit, en dix ans, qu'à moins de 0,5 % des sujets traités par Canal+, Arte, TF1, France 2, France 3 et M6.

 

Les habitants et l’actualité des territoires d'Outre-mer sont sous représentés dans les médias de France métropolitaine.

 

Plusieurs mois après le Brexit, il y a très peu d’informations disponibles et accessibles pour se renseigner sur la situation et de s’imaginer le futur de ces deux îles. Bien que ce travail de recherche concerne l’île d’Anguilla et celle de Saint-Martin, j'ai choisi de me focaliser sur les médias ultramarins (français et créoles) et les médias métropolitains français. Le lien des "territoires outre-mer" britanniques, pour des raisons historiques, est plus lâche que dans le cas français – la comparaison est donc moins pertinente.

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UN BESOIN D'INFORMATION

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Les territoires d’outre-mer, même s’ils sont éloignés de la France, portent un grand intérêt à l’actualité du pays, tant dans le domaine politique, que social et économique. Sur les îles françaises, comme en métropole, les journaux traitent principalement de l’actualité locale, « si le format des journaux d’information est identique à celui de la métropole, leur contenu est composé environ à 85% d’informations nationales et locales et à 15% de l’international concernant leur zone géographique ».

 

C’est ce qu’explique Laure Osmanian Molinero, dans son compte-rendu de l’étude de la société Médiametrie, « Les territoires d’outre-mer, une passion pour l’info ». Dans ce même compte-rendu, Nicolas Benoît, expert média et digital de la société, explique que l’information de ces territoires est produite grâce à « des correspondants dans les petites communes ». Dans le cadre d'un traitement "généraliste", les thématiques des journaux ultramarins accordent une place importante aux questions climatiques. Les insulaires étant plus exposés à des catastrophes naturelles et des événements climatiques comme les cyclones, un sentiment de solidarité semble s’être développé au sein de cette communauté.

 

Malgré cette envie et ce besoin d’information plusieurs médias ultra-marins francophones ont progressivement disparu du paysage médiatique de la région.

En juillet 2018, le gouvernement français annonçait officiellement la disparition de France Ô de la TNT. En réponse, un rapport du Sénat de 2019 réalisé au nom de la Délégation sénatoriale aux Outre-mer, affirme que cette décision a « provoqué une onde de choc dans le monde de l’audiovisuel public ultramarin ». Face au même constat, un article du journal Le Monde titrait en mars 2020, "En Guadeloupe, sans quotidien d’information générale, « il y a quelque chose qui ne va pas »".

Le papier illustre le vide médiatique des les îles caribéennes françaises et ses conséquences. Ainsi, depuis le 1er février, la Martinique, la Guyane et la Guadeloupe, trois collectivités françaises d’outre-mer, « n’ont plus de quotidien d’information générale […] (en Guyane, l’imprimerie était même à l’arrêt une semaine avant cette date), une situation inédite en France ». Avant cette date, la presse quotidienne se résumait à France Antilles, un quotidien du groupe Hersant. Les « survivants » sont les hebdomadaires et les mensuels, comme Le Courrier de Guadeloupe, Le Progrès social ou encore Nouvelles Semaine. Du côté de la radio, c’est Radio Caraïbes international et Radio RFO qui dominent le secteur, avec une diffusion principalement en créole.

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Un manque de représentation des îles caribéennes dans le paysage médiatique métropolitain français

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Selon le rapport de l’Ina sur le poids des Amériques du Sud dans les journaux télévisés du soir et le rapport d’information du Sénat sur la représentation et la visibilité des Outre-mer dans l’audiovisuel public, le constat est clair : les Antilles ne que sont rarement évoquées dans le paysage médiatique français. Les deux documents pointent du doigt une sous- représentation médiatique de ces territoires.

 

En plus d’un manque de canaux d’information, « la visibilité des Outre-mer dans l’audiovisuel national, et en particulier les chaînes du service public, est toujours restée marginale, qu’il s’agisse des contenus diffusés ou des personnels à l’antenne et dans les organigrammes ». L’Ina le confirme, les départements et territoires d’outre-mer ne représentaient en 2017 que « 0,5% de l’offre d’information des journaux télévisés étudiés, soit 1519 sujets, […] sans surprise, ce sont les territoires français qui arrivent en tête ». En plus d’être « oubliés », lorsque des médias mentionnent les territoires ultramarins dans leurs sujets, il s’agit généralement d’un événement exceptionnel tel qu’une catastrophe naturelle ou d’une crise sociale ou sanitaire. L’Ina explique la représentation soudaine des départements et territoires d’outre-mer dans les médias métropolitains en 2009 et 2017 par le mouvement social et la grève générale en Guadeloupe et en Martinique (2009), la crise sociale en Guyane, les cyclones sur les Antilles (et notamment les ravages d’Irma sur les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy) et enfin par l’enterrement de Johnny Halliday à Saint-Barthélemy (2017). Bonne ambiance...

 

Ce reportage, « Les oubliées du Brexit » a pour objectif de mettre en lumière une situation que la majorité des médias métropolitains n’a pas couverte, à savoir l’impact du Brexit pour Saint- Martin, pour sa voisine Anguilla et pour les autres territoires d’outre-mer britanniques. Une chose est sûre, ce divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) va bien avoir une répercussion outre-Atlantique. Ensuite, il s’agira de démontrer que l’avenir des territoires britanniques ne dépend pas uniquement du Royaume-Uni et de l’UE, mais également des autres territoires d’outre-mer français auxquels ils sont liés.

 

L’impact du Brexit sur Anguilla serait-il trop faible pour se voir accorder un relai médiatique équivalent à celui de l’Irlande ou des territoires "voisins" ? Est-ce parce que c’est Anguilla (britannique) qui en subira les plus grosses conséquences directes que les médias français ne traitent pas ce sujet « trop éloigné » ou « trop petit » ? Dans ce cas, cette situation traduirait-elle d’un manque de connaissance de l’histoire commune et du lien qu’entretiennent les îles d’Anguilla et Saint- Martin (française) ?

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La « bonne nouvelle »

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La ligne éditoriale du site d’information Outremers 360° semble avoir pris en compte ce manque de représentation et d’informations. Ce média permet, à son niveau, de répondre à ce problème et d’analyser certains thèmes d’actualité comme le Brexit avec une vision ultramarine. Le site couvre l’ensemble des actualités ultramarines à un niveau local, régional et international. Il propose des décryptages de l’actualité, un fil info et des dossiers thématiques.

 

Luc Laventure, président d’Outremers 360°, explique que son média est « né du constat qu’il manquait une vision globale de l’Outre-mer sur le plan national et international ». Selon lui, ces régions ultramarines méritent davantage de visibilité car elles « permettent à la France d'être connectée aux cinq continents ». Pour se développer et répondre à ce besoin, Outremers 360° a également mis en place des partenariats avec d’autres médias radiophoniques et télévisés d’outre-mer.

Pourtant le dernier article publié au sujet du Brexit et de son influence sur les Outre-mer date de février 2020. Cet article concernait le cas de la Nouvelle-Calédonie, un territoire français qui ne quittera pas l’Union européenne (UE). Le papier le plus récent consacré aux territoires britanniques a été publié en juin 2016 et affirmait que le vote n’aurait « aucune conséquence »

Qu’en est-il de ce constat en 2020 ?

 

Le manque de représentation des territoires d’outre-mer britanniques et français dans les médias métropolitains est évident. Alors que, dans le contexte du Brexit, les médias ont à plusieurs reprises expliqué les conséquences que cette décision pourrait avoir sur la relation entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande ; il serait pertinent de transposer cette analyse au cas de Saint-Martin et Anguilla. Ces deux îles, profondément liées, possèdent deux statuts différents vis-à-vis de l’UE et deux nationalités distinctes. Même si les conséquences politiques et économiques seront radicalement différentes du cas irlandais, le lien qu’entretienne ces deux îles pourrait bien être menacé.

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